
Selon la Convention du Conseil de l’Europe sur le paysage q, un paysage est une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. Cette approche du paysage, qui privilégie la perception, a été utilisée pour établir une cartographie des paysages wallons.
Une politique du paysage
La Convention du Conseil de l’Europe sur le paysage q, ratifiée par la Wallonie en 2001, a pour objectif de promouvoir la protection, la gestion et l’aménagement des paysages. Elle contient diverses mesures, notamment l’identification des paysages et l’analyse de leurs caractéristiques ainsi que des dynamiques et des pressions qui les modifient. La Wallonie a initié ce travail d’identification et de caractérisation via la Conférence permanente du développement territorial (CPDT)[1].
La carte des ensembles paysagers de Wallonie
Des premiers travaux ont abouti en 2004 à la publication d’une carte de la Wallonie délimitant 79 territoires paysagers[2] regroupés en 13 ensembles paysagers[3], sur base d’une analyse menée au 1/50 000ème. Les critères utilisés sont le relief, l’occupation végétale du sol et le mode d’urbanisation.
Un travail à une échelle plus fine (1/20 000ème) a ensuite été lancé et est encore en cours[4] : la collection des "Atlas des paysages de Wallonie" q. Chaque atlas étudie plus en détail un ensemble paysager. Huit tomes (couvrant neuf ensembles paysagers) sont parus jusqu’à présent (au 08/04/2025). Les territoires paysagers y sont découpés ou redéfinis en aires paysagères. Ce découpage en aires paysagères permet d’établir des entités dont la taille et l’homogénéité sont telles qu’une caractérisation précise peut être opérée et que des enjeux concrets peuvent y être mis en évidence. Des enjeux globaux sont également formulés pour chaque ensemble paysager. L’identification de ces enjeux à deux échelles vise notamment à orienter les politiques d’aménagement du territoire afin d’assurer une évolution des paysages wallons en phase avec les objectifs de la Convention du Conseil de l’Europe sur le paysage q.

* À noter qu’à l’heure actuelle (08/04/2025), la délimitation et la caractérisation des aires paysagères des ensembles paysagers suivants ne sont pas encore disponibles : ensemble des vallonnements brabançons, ensemble fagnard, ensemble de la dépression de la Fagne-Famenne et de sa bordure sud et ensemble du haut plateau de l’Ardenne du nord-est. Elles feront l’objet des Atlas des paysages de Wallonie encore à paraître.
La diversité des paysages wallons
De manière synthétique, on peut distinguer en Wallonie les ensembles paysagers suivants :
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la Plaine et le bas-plateau hennuyers, au nord-ouest de la Wallonie, en ce compris l’enclave de Comines-Warneton, occupés par de vastes étendues agricoles. L’ensemble englobe dans sa partie nord l’agglomération de Tournai et quelques villes plus petites mais aussi de l’habitat dispersé intercalaire aux villages. La partie sud (en deçà du sillon charbonnier de la Haine et de la Sambre) est quant à elle presqu’exclusivement rurale ;
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l'ensemble des vallonnements brabançons, composé d’une succession de vallonnements et caractérisé par une périurbanisation intense liée à la proximité de Bruxelles, mais aussi par une alternance de boisements et de poches agricoles résiduelles ;
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les Plateaux brabançon et hesbignon, situés au nord de la Sambre et de la Meuse, et qui englobent la Hesbaye et la partie est du plateau brabançon. Cet ensemble est dominé par des cultures en parcelles de grande taille, avec un habitat concentré dans des villages entourés de prairies ;
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l'Entre-Vesdre-et-Meuse, à la bordure nord-est de la Wallonie, qui correspond à un moyen plateau parcouru par de nombreux cours d'eau, affluents de la Vesdre et de rive droite de la Meuse. Il recèle encore l’archétype du bocage[5] ;
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la Haine et la Sambre, qui se structure le long de ces deux cours d’eau et qui englobe les villes de Mons, La Louvière et Charleroi. Il s’agit d’un ensemble fortement marqué par l’urbanisation et l’industrialisation. Quelques espaces y conservent néanmoins encore un caractère agricole prononcé tandis que les terrils y apportent une composante de plus en plus boisée ;
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la Vallée de la Meuse, qui couvre la tranchée creusée par ce fleuve, avec les villes de Namur et Liège notamment. Cet ensemble constitue un territoire densément peuplé et partiellement industrialisé. Entre la frontière française et Namur, la vallée est particulièrement encaissée et marquée par le tourisme ;
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l'ensemble fagnard, qui se caractérise par des paysages très variés passant graduellement de villages entourés de grandes cultures au nord à de larges pans de forêts parsemés de clairières herbagères au sud. Le paysage est aussi marqué, dans sa partie ouest, par les vestiges d’un bocage[5] partiel ;
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le Plateau condrusien, scindé en deux parties par la tranchée de la Haute Meuse et limité au nord par le sillon Sambre-et-Meuse. Cette vaste zone essentiellement rurale présente un relief ondulé où alternent crêtes et creux, constitués de bois, de cultures et de prairies ;
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l'ensemble de la dépression Fagne-Famenne (essentiellement prairiale) et de sa bordure sud, la Calestienne, qui forme un replat partiellement cultivé, séparé de la dépression par un relief boisé ;
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la Thiérache, qui prolonge le plateau central ardennais, au sud-ouest de la botte du Hainaut. Ce petit plateau présente un relief doux où la prairie domine ;
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l'ensemble du haut plateau de l’Ardenne du nord-est, délimité au nord par la Vesdre et au sud par le plateau des Tailles, qui se caractérise par d'importantes variations d'altitude et par des paysages dominés par la prairie et la forêt. Il comprend de vastes zones planes de tourbières sur les plateaux sommitaux ;
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l'Ardenne centrale, un territoire peu peuplé, caractérisé par des plateaux centraux agricoles et boisés au relief tranquillement ondulé et des bordures forestières entaillées par des vallées encaissées. L’altitude des plateaux décroît lentement par paliers, de 550 m du nord-est à environ 400 m au sud-ouest ;
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les Côtes lorraines, à l'extrême sud, qui se distingue par une succession de cuestas[6] et de dépressions et une alternance d’étendues agricoles (surtout dévolues aux herbages) et de massifs forestiers. En dehors d’Arlon, de Virton et de l’agglomération d’Athus-Aubange, le bâti est rural, notamment sous forme de village-rue[7].
Des paysages soumis aux pressions des activités humaines
Certaines activités humaines peuvent entrainer une altération et une uniformisation des paysages. C’est en particulier le cas de l’urbanisation q, du développement des réseaux de communication et des infrastructures de production d’énergie et de transport, ou de la gestion de certains espaces agricoles.
Le nouveau Schéma de développement du territoire (SDT) q, adopté par le Gouvernement wallon le 23/04/2024 q, a pour objectif de valoriser le patrimoine paysager et de le préserver des pressions directes et indirectes de l’urbanisation. Il prévoit notamment l’inclusion de mesures de préservation et de valorisation au sein des schémas de développement communaux et pluricommunaux[8], de même que la prise en compte des enjeux globaux des ensembles paysagers dans tout projet d'aménagement.
[1] La CPDT est une plateforme multidisciplinaire de recherches, de formations et d’échanges créée par le Gouvernement wallon en 1998, dont les missions sont menées en interuniversitaire via 3 centres de recherches en urbanisme et aménagement du territoire : le CREAT (UCLouvain), le LEPUR (ULiège) et l’IGEAT (ULB) q.
[2] Un territoire paysager est une agrégation de plusieurs unités paysagères (portion de territoire embrassée par la vue humaine au sol et délimitée par des horizons visuels (hauteurs ou lisières)) possédant des caractéristiques homologues ou similaires(a).
[3] Un ensemble paysager est un regroupement de territoires paysagers selon une classification de type géographique. Les ensembles paysagers de Wallonie font écho aux grandes différenciations paysagères de la Wallonie issues de la combinaison des substrats géologiques, des formes principales de relief, des niveaux d’altitude et des types de sols qui, par leur influence sur les occupations naturelles et humaines du sol, sont des éléments déterminants dans la morphologie d’un paysage(a).
[4] À l’heure actuelle (08/04/2025), les ensembles paysagers suivants n’ont pas encore été traités : ensemble des vallonnements brabançons, ensemble fagnard, ensemble de la dépression de la Fagne-Famenne et de sa bordure sud et ensemble du haut plateau de l’Ardenne du nord-est. Ils feront l’objet des Atlas des paysages de Wallonie encore à paraître.
[5] Paysage composé de prairies encloses par des haies avec une forte dispersion de l’habitat.
[6] Reliefs asymétriques composés d’un versant raide généralement boisé, le front, et d’un versant en pente douce, le revers.
[7] Village prenant une forme dense (mitoyenneté) mais étirée le long d’une ou deux rues.
[8] Un schéma de développement communal ou un schéma de développement pluricommunal définit la stratégie territoriale pour le territoire qu’il couvre (objectifs de développement territorial et d’aménagement du territoire et manière dont ils déclinent les objectifs du SDT, principes et modalités de mise en œuvre, structure territoriale) q.
Pas d'évaluation
Cet indicateur ne fait pas l'objet d'une évaluation car il s’agit soit d’un indicateur de contexte, soit d’un indicateur à portée limitée dans le temps (études ponctuelles) ou dans l’espace (échelle sub-régionale).
Pas d'évaluation
